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T’ANG HAYWEN
Un peintre chinois à Paris (1927-1991)

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Portrait de T’ang Haywen © Yonfan Manshih, 1991, avec l’autorisation T’ang Haywen Archives

 

Une exposition à découvrir au Musée national des arts asiatiques-Guimet

jusqu’au 17 juin 2024. 


 

Ce printemps, le musée Guimet propose au public de découvrir une exposition exceptionnelle qui dévoile l’immense talent d’un grand artiste chinois, contemporain de Zao Wou-ki : T’ang Haywen.

Arrivé à Paris en 1948, officiellement pour y suivre des études de médecine,  T’ang Haywen ne quittera plus la France. Il découvre un pays où la création est en pleine effervescence. Comme d’autres artistes étrangers, il s’y confronte à la  modernité occidentale et, à l’image des premiers artistes chinois venus à Paris pour se former, dont Zao Wou-Ki (1920-2013) ou Chu Teh-Chun (1920-2014), il devient une des figures marquantes de ce foyer bouillonnant de vie artistique qu’est alors Montparnasse.

 

Formé à la peinture occidentale, ses carnets de dessin révèlent qu’il visite régulièrement les musées parisiens, dont le musée Guimet, et qu’il s’inspire de la ville dans des paysages urbains croqués rapidement au stylo à bille. Lettré moderne, insatiable curieux des arts et cultures de l’Occident, il trouve à Paris sa vocation de peintre. Formé à la calligraphie par son grand-père et intéressé par la philosophie taoïste, il y vit libre des contraintes matérielles ou sociales. Il écrit à son frère en 1958 : « J’ai trouvé ma vocation dans la peinture… je ne pensais pas que cela puisse plaire à nos parents… c’est une affaire très grave, où il ne peut être question, honnêtement, de chercher la réussite pour elle-même… La réussite doit, pour être véritable, être tout à fait sincère. Une fois qu’un peintre s’est trouvé, alors il peut travailler pour les autres, il le doit, mais il ne peut pas le faire avant... Je ne pourrai ni ne veux abandonner cette vocation. »

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Sans titre, 1965,

aquarelle, gouache et encre sur carton, Kyro,

MA 13413

© RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier © T’ang Haywen / ADAGP, Paris, 2024

T’ang Haywen : un artiste chinois en France 

 

Artiste discret, T’ang Haywen s’affirme pourtant progressivement comme une figure majeure de la création contemporaine et de la modernité chinoise. Il expose de son vivant dans de nombreuses galeries d’art en France et à l’étranger, ainsi qu’au Centre Pompidou en 1989. Il bénéficie à partir de la fin des années 1990 d’une reconnaissance internationale. S’il était un grand voyageur, il fit de la France sa terre d’élection, et de l’art occidental une puissante source d’inspiration, tout en restant profondément chinois ; une dualité qui l’habita pendant toute sa vie d’artiste. Initié à la calligraphie par son grand-père au Vietnam, sa peinture s’impose comme un vibrant trait d’union entre la tradition asiatique de l’encre monochrome pure et l’influence occidentale de la couleur éclatante, entre figuration et abstraction, ou plutôt la « non-figuration » comme il préférait la décrire. 

À travers une sélection d’une centaine d’œuvres majeures, l’exposition présente un panorama des grandes étapes de sa carrière, ainsi que l’essentiel des facettes du travail d’un artiste qui recherchait, selon ses propres mots, « une peinture idéale, unissant le monde visible et le monde de la pensée ».

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Carte de vœux, 1955-1960, encre sur papier, MA 13395  © T’ang Haywen Archives © T’ang Haywen / ADAGP, Paris, 2024

 

L’encre entre tradition et modernité 

 

Ses premières années à Paris sont illustrées par quelques études à l’aquarelle et à la gouache, influencées par la peinture des grands maîtres tels que Paul Cézanne, Henri Matisse ou Paul Klee. Son style propre s’affirme dans ses paysages abstraits et calligraphiques des années 1960, entre couleurs vives et monochromes. La période à partir du début des années 1970 jusque vers 1983-84 est évoquée par des peintures à la gouache ou à l’encre, polychromes ou monochromes. Les années 1970 voient s’épanouir son format de prédilection, le diptyque. Des formats plus importants, présentés dans l’exposition, permettent à T’ang Haywen de donner à voir des paysages abstraits à l’encre monochrome, tandis que les petits formats, papiers pliés, diptyques et triptyques des années 1980-1985 montrent une pleine maîtrise de son geste et de son pinceau. Ces œuvres expriment le dynamisme et la tension taoïste entre le plein et le vide, le noir et le blanc, le monde visible et le monde de la pensée.

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Sans titre, 1988, encre sur papier Arches, MA 13252 © T’ang Haywen Archives © T’ang Haywen / ADAGP, Paris, 2024

Des créations inédites ainsi que des éléments d’archives, qui avaient été conservés dans le secret de son atelier, lèvent un voile sur l’intimité de cet artiste fondamentalement épris de liberté et de dépouillement, reflétant son inclination pour l’ascétisme oriental. Peintre itinérant, T’ang Haywen privilégiait les formats transportables dans son carton à dessin. Ces œuvres originales et touchantes sont montrées au public pour la première fois, telles que des cartes postales envoyées à ses amis et connaissances, des carreaux de céramique peints, vestiges d’un séjour à San Francisco en 1965, de petits portraits monochromes et des pages de carnets de croquis. 

 

L’exposition présente une large sélection de l’exceptionnelle donation de 202 œuvres et environ 400 pièces d’archives personnelles au musée Guimet, effectuée par la Direction nationale d’interventions domaniales en 2022. Les œuvres remises à Guimet faisaient l’objet d’un trafic d’œuvres d’art : saisies par l’État, elles ont été sélectionnées en lien avec les équipes du musée. Elles retrouvent aujourd’hui la lumière et permettent d’évoquer la destinée unique de T’ang Haywen, artiste moderne singulier de l’après-guerre.



 

 En savoir plus : 

 

Musée des arts asiatiques Guimet 

6, place d'Iéna

75116 Paris

 

Ouvert tous les jours sauf le mardi

De 10h à 18h

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